Agropolis International a coordonné cette étude prospective sur l’adaptation aux changements globaux en mer Méditerranée (MERMED). Cette étude a rassemblé plus de 130 experts, dont 3 du Pôle Mer Méditerranée. Ces chercheurs appartenaient à une quarantaine d’organisations dans dix pays, issus de diverses disciplines (océanographie, biologie, écologie, chimie, sciences humaines…).

L’Atelier de Recherche Prospective MERMED a été commandité par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR)

© D. Lacroix, Ifremer

Mer intercontinentale presque entièrement fermée, la Méditerranée présente des caractéristiques uniques – physiques, climatiques, biologiques, humaines et géopolitiques – qui en font unezone particulièrement sensible aux changements globaux, qu’ils soient d’ordre climatique (augmentation de l’intensité et de la fréquence d’événements extrêmes, augmentation de la température et de l’acidité de la mer, élévation du niveau marin) ou démographique et humain (littoralisation, intensification des activités, surexploitation des ressources, pollutions, accroissement du tourisme, introductions d’espèces potentiellement invasives…). En conséquence, les écosystèmes marins et les biens et services qui leurs sont associés, services de prélèvement comme de régulation, seront de plus en plus affectés. La recherche, l’innovation et la formation ont un rôle essentiel à jouer pour accompagner les nécessaires processus d’adaptation à ces changements.

Ce processus a conduit à formuler des propositions relevant de cinq grands domaines. Tout d’abord, il est indispensable d’approfondir la connaissance du fonctionnement du système « mer Méditerranée » dans son ensemble, intégrant les composantes physiques et biologiques du milieu et leurs dynamiques d’évolution à différentes échelles spatiales et temporelles, notamment via des approches d’écorégionalisation et de modélisation. Ensuite, une meilleure caractérisation des risques liés au milieu marin est nécessaire pour développer les capacités d’anticipation et de gestion de ces risques, qu’ils soient d’origine naturelle (submersion, érosion côtière), anthropique (notamment liés à la pollution du milieu marin), ou qu’ils résultent de l’interaction entre phénomènes naturels et perturbations anthropiques (prolifération ou invasion d’espèces par exemple). Par ailleurs, le maintien d’activités productives en Méditerranée nécessite de mieux prendre en compte les trois dimensions de leur durabilité (environnementale, économique et sociale), afin de préserver les métiers de la petite pêche artisanale – prédominante en Méditerranée, d’accompagner le développement de l’aquaculture et l’émergence des biotechnologies « bleues » et de favoriser les innovations technologiques minimisant l’impact environnemental des activités maritimes.

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Les modes de gouvernance et de gestion de la mer Méditerranée doivent ainsi constamment évoluer pour mieux prendre en compte l’évolution des connaissances scientifiques et les objectifs de prévention des risques pour les populations et de durabilité des activités humaines. Ceci passe notamment par une meilleure compréhension des échelles spatio-temporelles de structuration et de fonctionnement des systèmes biologiques et des activités anthropiques, et l’adéquation des mesures de gestion à ces échelles. Atteindre de tels objectifs nécessite une coopération renforcée à l’échelle méditerranéenne en matière de génération, de collecte, d’organisation et de réutilisation des données, à même de nourrir les modèles et scénarios indispensables pour anticiper les évolutions futures du système complexe qu’est la mer Méditerranée et permettre aux sociétés de se doter des outils nécessaires pour s’adapter aux changements qu’elles ont et auront à affronter.

Contact: Guy Herrouin, consultant – herrouin@polemermediterranee.com